Il s’est bâti la réputation de la radicalité, de l’extrême. Le 18 juillet 2022, lors de sa première sortie médiatique après son exclusion de l’Udps et sa déchéance du poste de premier vice-président du Bureau de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund n’a vraisemblablement pas appris ni compris ce qu’il est censé être : un homme d’État.
Il reste ainsi l’homme politique qu’il aurait dû rester en ne devenant même pas secrétaire général de l’Udps. Car, on ne peut pas être à ce poste et ne pas s’assumer en homme d’Etat.
Devrait-on alors reprocher à Étienne Tshisekedi de lui avoir confié cette charge en 2016 ? Ou à Félix Tshisekedi de l’avoir non seulement gardé en fonction dans un premier temps avant de le promouvoir, dans un second, à celui de président intérimaire de l’Udps et n°2 de l’Assemblée nationale ?
Au contraire !
Etienne et Félix Tshisekedi lui ont donné, à deux, la chance de sa vie. Et comme il arrive souvent à tous ceux qui sont dévorés par des ambitions mal contrôlées, donc mal assumées, on use facilement du devoir d’ingratitude.
La conférence de presse de Jean-Marc Kabund en a été l’illustration.
L’entendre déclarer : » Si je dois établir ma responsabilité, c’est de regretter d’avoir contribué substantiellement à ce que Félix Tshisekedi soit président de la République « , voilà ce qui est prétentieux de sa part. C’est comme si Félix Tshisekedi – membre de l’Udps depuis les années 1990 – n’a jamais eu l’ambition de devenir président de la République.
Lui, au moins, a fait montre de dignité, de respectabilité en n’aspirant à ce poste qu’après le décès de son père à la fois biologique et politique.
Il n’a pas été Brutus.
Au fait, pendant qu’on y est, peut-on un seul instant croire qu’Etienne Tshisekedi, président de la République, l’aurait encouragé à se livrer à des dérapages qu’il a accumulés sous Félix Tshisekedi ?
Toutes choses étant par ailleurs égales, Jean-Marc Kabund aurait certainement usé à l’endroit du Sphinx le même devoir d’ingratitude.
L’entendre ensuite déclarer au cours de sa conférence de presse » Le peuple est en face d’un régime irresponsable (…) » incite à se demander quand est-ce qu’il s’en est rendu compte ! Est-ce avant ou après la prise du pouvoir !
Si c’est avant, ce qu’il savait que l’Udps ne devrait pas accéder aux affaires. Or, il se vante d’avoir contribué substantiellement à la victoire électorale de Félix Tshisekedi.
Si c’est après, le fait d’avoir attendu trois ans (et amassé une fortune le mettant à l’abri des besoins) ne concourt pas à sa crédibilité.
Pire, dans sa prestation, il se plaint d’avoir » essayé en vain de rappeler à l’ordre jour et nuit Félix Tshisekedi « .
Dans une société organisée, qui de l’inférieur et du supérieur a autorité de procéder au rappel à l’ordre ? Sans être une sanction, le rappel à l’ordre est le choix de formaliser les observations à adresser à un collaborateur.
Qui peut un seul instant croire que Félix Tshisekedi soit le collaborateur de Jean-Marc Kabund ?
Et voilà que celui qui, jusqu’à la veille de l’incident du 11 janvier 2022, communiquait sa conviction quant à la la victoire de l’Udps en 2023, prend soudain la tête du front de démobilisation pour décréter : » C’est fini, il n’y a plus rien à espérer avec le président Tshisekedi et l’UDPS qui ont échoué. Le pouvoir en place est incapable. Je demande au peuple de se mobiliser pour chasser Félix Tshisekedi du pouvoir » !
A partir de cet instant, toute sa communication est faussée, car son annonce de se positionner en force d’opposition procède du chantage.
Un homme d’Etat ne se livre pas à ce type de pression.
L’homme politique, si !
Qu’on ne le perde d’ailleurs pas de vue : Jean-Marc Kabund a été nommé au poste de secrétaire général de l’Udps en août 2016.
Félix Tshisekedi a été nommé secrétaire national charge des Relations est membre de l’Udps depuis 2008.
Quelque part, le droit d’aînesse s’exerce!