
9 juin 2016, à l’issue de 2 jours de conclave à Genval (Belgique), l’opposition congolaise conduite par Tshisekedi (pdt UDPS), parvient à sceller son unité par la création de ce qu’elle appela « Rassemblement« . Objectif : organiser les élections avant le 19 déc 2016
À Genval, les conciliabules se tiennent au « Chateau du Lac« , construit en 1906 par la Société des eaux minérales et qui a longtemps été une station balnéaire prisée par la haute société belge. Les opposants congolais y apprécient ses salons élégants, ses terrasses, son bar.
Deux jours de conciliabules à huis clos sont nécessaires pour arriver à la création du « Rassemblement » contre le Président Joseph Kabila. Pour les opposants, le départ de Joseph Kabila est non négociable dès la fin de son mandat constitutionnel fixé au 19 décembre 2016.
Dans leur « acte d’engagement« , les « conclavistes » exigèrent le respect de la Constitution, la mise en œuvre de la résolution 2277 de l’ONU, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les opposants, la libération de l’espace médiatique et celle des prisonniers politiques.
Enfin, les opposants réunis au sein du « Rassemblement » firent savoir qu’ils rejetaient l’arrêt rendu par la cour constitutionnelle de la RDC qui autorisait Kabila à rester à la tête du pays au-delà de son mandat constitutionnel, tant que son successeur n’avait pas été élu.
Vital Kamerhe le seul opposant absent !
L’on avait toutefois remarqué l’absence de Vital Kamerhe (UNC), qui avait refusé de se mêler à cette « opposition caviar« . « C’est plus chic ici que l’Hôtel du Fleuve à Kinshasa alors que nos compatriotes sont en train de mourir à Béni ! », avait-il dit.
« Se retrouver en juin en Belgique comme en 1959 lors des négociations pour l’indépendance, c’est aussi revenir 57 ans en arrière. Le combat doit se mener sur le terrain« , avait martelé Kamerhe. Son SG (de l’UNC), Jean-Bertrand Ewanga, y avait participé, à titre personnel.
Moise Katumbi non plus n’était présent (il était en convalescence), mais le G7, un groupe de 7 partis qui soutenaient sa candidature à la présidentielle, était représenté au plus haut niveau et très actif dans les discussions.
Mais ce « Rassemblement » ne fera pas long feu. Kabila parviendra à se maintenir au-delà du 19 déc 2016 à travers sa politique de la « carotte et du bâton »: promesses de postes à ceux qui acceptent, répression garantie à ceux qui boudent, pourparlers politiques et débauchage.
Dès Septembre 2016, de nouveaux pourparlers politiques se tiennent à Kinshasa et aboutissent à la signature d’un accord, le 18 octobre de la même année, avec une partie de l’opposition politique conduite par Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC).
Le Rassemblement de l’opposition, rangé alors derrière Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, va bouder les négociations de la Cité de l’OUA. Dans le cadre de ce nouveau compromis politique, les portefeuilles ministériels sont de nouveau redistribués aux opposants.
Samy Badibanga (chef du groupe parlementaire UDPS et alliés) devient ainsi chef du gouvernement. Longtemps pressenti Premier ministre, Vital Kamerhe ne se contentera par ailleurs que de 2 ministères (Budget et Commerce extérieur) et un vice-ministère (Justice).
Puis, à partir du 8 décembre s’ouvrent de nouveaux pourparlers directs entre le clan Kabila et les signataires du précédent accord d’un côté, le Rassemblement de l’opposition de l’autre. Dans le rôle des médiateurs : les évêques catholiques de la Cenco
À l’issue de ces pourparlers, et dans le souci d’affaiblir davantage le « Rassemblement », Joseph Kabila va se choisir alors comme Premier ministre Bruno Tshibala, porte-parole du Rassemblement et un des meneurs de la fronde au sein de cette plateforme de l’opposition.
Bruno Tshibala emmènera avec lui quelques dissidents du « Rassemblement », notamment Jean-Pierre Lisanga Bonganga (leader de la Coalition des alliés d’Étienne Tshisekedi), Joseph Kapika (un ancien cadre de l’UDPS), le député Emery Okundji et Freddy Kita.
Benjamin Babunga Watuna