
Nos corps, ces entités biologiques que nous considérons comme un tout unifié, abritent en réalité une multitude de cellules étrangères, provenant de sources variées. Cette réalité fascinante remet en question notre compréhension de l’identité et de l’individualité. Mais comment ces cellules, d’origine extérieure, ont-elles été identifiées ?
D’où proviennent-elles et pourquoi ne sont-elles pas systématiquement rejetées par notre système immunitaire ? Les avancées en biologie moléculaire et en génétique ont permis de détecter la présence de cellules étrangères dans notre organisme. Par exemple, des études ont montré que certaines cellules viennent de jumeaux dans le cas de grossesses multiples, ou de cellules cancéreuses d’origine externe.
Les techniques comme la séquençage de l’ADN ont été essentielles pour identifier ces cellules, révélant des signatures génétiques qui ne correspondent pas à celles de l’hôte. Les cellules étrangères peuvent provenir de diverses sources. Certaines sont d’origine maternelle, échappant à la barrière placentaire durant la grossesse ; d’autres résultent de transfusions sanguines ou d’organes transplantés.
Des micro-organismes comme les bactéries et les virus, qui cohabitent avec nos cellules, sont également des acteurs de cet écosystème. Ce mélange de cellules souligne la complexité et la diversité de notre biologie. La question de la non-rejet des cellules étrangères par notre système immunitaire est particulièrement intrigante. En règle générale, le système immunitaire est conçu pour identifier et éliminer les intrus.
Cependant, il existe des mécanismes de tolérance qui permettent à certaines cellules de coexister avec nos propres cellules. Ces mécanismes incluent la reconnaissance de cellules « amis » et la modulation de la réponse immunitaire, permettant ainsi à ces cellules étrangères de s’intégrer sans provoquer de réaction agressive. C’est une métaphysique du « Je » et du « Nous ».
Cette interconnexion entre nos cellules et celles d’autres origines soulève une question plus profonde : qu’est-ce que cela signifie pour notre identité ? Si nos corps sont composés, au moins en partie, de cellules qui ne sont pas « nous », cela suggère que notre conception du « Je » pourrait être plus complexe. Pourrions-nous envisager un « je-nous » ?
Une identité qui embrasse l’altérité, où l’individu est à la fois un soi et un ensemble d’autres, une communauté de cellules ? L’exploration de ces cellules étrangères dans nos corps nous pousse à repenser notre conception de l’identité et de l’individualité. Elle nous invite à envisager que nous ne sommes pas des entités isolées, mais des écosystèmes en constante interaction.
En acceptant cette complexité, nous pourrions découvrir une nouvelle façon de nous voir et de voir notre place dans le monde, où le « Je » et le « Nous » coexistent et se définissent mutuellement. Peut-être qu’en fin de compte, notre humanité réside dans cette acceptation de l’autre, même au sein de notre propre corps.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR