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Un climat délétère, des frustrations étouffées et une gouvernance contestée : le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) traverse une zone de turbulence inquiétante. Une lettre ouverte du Haut Conseiller Jean Pierre Eale, postée dans le groupe WhatsApp officiel des Hauts Conseillers, lève le voile sur un malaise profond et généralisé au sein de l’institution censée réguler les médias en toute impartialité.

Selon cette missive qui résonne comme un cri du cœur, l’actuel président du CSAC, Christian Bosembe, est accusé de gérer l’institution comme une entreprise privée, avec une main de fer et des penchants politiques assumés. Des critiques virulentes lui reprochent une personnalisation outrancière du pouvoir, une politisation flagrante des activités du CSAC, ainsi qu’une gestion hasardeuse des ressources humaines et financières.

« Le CSAC n’est plus une institution, mais un “truc” que le président gère seul », écrit sans détour Jean Pierre Eale. Dans un récit accablant, il dépeint une institution en déliquescence : salaires en souffrance, promesses non tenues, absence de soins de santé, conditions de travail déplorables, favoritisme dans les affectations, climat de suspicion permanent…

Et ce n’est pas tout. À l’en croire, Christian Bosembe s’est récemment lancé dans des émissions politiques où il n’a pas hésité à soutenir certains leaders tout en attaquant d’autres – un comportement en total désaccord avec le devoir de neutralité imposé par la loi aux membres du CSAC.

 « Nous pensions que tout allait changer… Mais nos émoluments ont été revus à la baisse, nos frais d’installation jamais payés, et nos primes versées à deux maigres occasions. »

Le constat est glaçant : le CSAC est devenu un espace où chacun espionne l’autre, où les bureaux sont vides et les espoirs épuisés. Pire, malgré des effectifs pléthoriques (de 150 à 450 agents), l’institution croule sous plus de 20 mois d’arriérés.

Cette lettre ouverte sonne comme une alerte rouge. Loin d’être un simple règlement de comptes, elle interroge le sens même du rôle du CSAC dans la jeune démocratie congolaise. Une institution censée défendre la liberté et l’éthique médiatique peut-elle survivre à une telle crise interne sans une remise à plat radicale ?

Il est temps que la lumière soit faite sur ce que certains n’hésitent plus à appeler le naufrage silencieux du CSAC.

 

Petit Ben Bukasa 

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