Lors de la cérémonie commémorative à Kinshasa, le gouvernement congolais et le Système des Nations Unies ont dressé un bilan contrasté de leur coopération. Si les progrès en matière de développement ont été salués, les deux parties ont aussi souligné l’urgence de résoudre la crise à l’Est, menaçant la paix et les objectifs communs.
La célébration du 80e anniversaire des Nations Unies en RDC ce jeudi 30 octobre a servi de tribune à un dialogue à deux voix.
D’un côté, le Ministre d’État au Plan Guylain Nyembo a rappelé les « agressions » subies par le pays. De l’autre, le Coordonnateur Résident de l’ONU, M. Patrice Vahard, a insisté sur la nécessité d’un « engagement collectif » pour surmonter les défis, lisant un message du Secrétaire Général Antonio Guterres appelant à ne pas céder à « la timidité ou au repli ».
Les deux allocutions se sont accordées sur la valeur fondamentale de l’ONU. Le ministre congolais a salué une organisation « incontournable », tandis que M. Vahard, citant M. Guterres, l’a décrite comme une « promesse vivante ».
Cependant, la tonalité a divergé sur la crise à l’Est. Le ministre a employé des termes forts comme « agression injuste » et « violation flagrante », pointant du doigt une situation humanitaire « catastrophique ». Le représentant de l’ONU a adopté un langage plus diplomatique, évoquant des « conjonctures diverses » qui contrecarrent les efforts et la nécessité de s’attaquer aux « causes structurelles des vulnérabilités », sans nommer explicitement d’agresseur.
Les deux discours ont mis en avant le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) comme un exemple de coopération réussie. Le ministre y voit un outil pour « endiguer les inégalités spatiales », et M. Vahard le cite comme une initiative « qui change des vies », preuve de la « confiance » accordée à l’ONU.
Cette collaboration se structure pour l’avenir autour du nouveau Cadre de Coopération pour le Développement Durable 2025-2029, présenté par le Coordonnateur de l’ONU comme la « boussole collective » pour les cinq prochaines années. Ce cadre s’articule autour de quatre piliers : une croissance inclusive, une gouvernance juste, l’accès aux services sociaux et une gestion responsable des ressources naturelles.
L’allocution de M. Vahard a été particulièrement détaillée sur les attentes de l’ONU pour la suite. Il a dressé une feuille de route claire pour chaque acteur :
- Le Gouvernement est invité à « poursuivre les réformes » en matière de gouvernance et de justice.
- Le Système des Nations Unies devra « intensifier son appui technique » et renforcer les synergies.
- Les Partenaires techniques et financiers doivent « aligner leurs appuis sur les priorités nationales ».
- La Société civile est vue comme un « pilier incontournable » pour la redevabilité et l’inclusion.
Cette vision vient en écho aux actions présentées par le ministre congolais, comme la lutte contre la corruption et le renforcement des droits de l’homme, indiquant une convergence sur les objectifs à long terme.
Les 80 ans de l’ONU en RDC ont mis un accent sur un partenariat solide mais sous tension. Si le gouvernement et le Système des Nations Unies marchent main dans la main sur la voie du développement, l’ombre portée du conflit à l’Est rappelle cruellement que la paix reste le préalable indispensable à toute ambition. Le nouveau Cadre de Coopération 2025-2029 sera le test concret de leur capacité à transformer cette « promesse vivante » en progrès tangibles pour toute la population congolaise.
Petit Ben Bukasa
