La ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC), Thérèse Kayikwamba Wagner, fait preuve d’une lucidité remarquable face aux défis auxquels sont confrontés les diplomates congolais. Dans ses déclarations récentes, elle a mis en lumière les conditions de vie souvent précaires de ces derniers et les efforts nécessaires pour les améliorer.

Pour la ministre, l’un des défis majeurs est la paie des diplomates à l’étranger, traditionnellement effectuée de manière trimestrielle. Elle souligne l’impact humain de ces retards : « Vous êtes loin de chez vous, et on accuse un retard. Ce n’est pas un retard d’un mois, c’est un retard automatiquement de 4 mois. » Face à cette situation, elle plaide pour un système plus fréquent et plus fluide, en collaboration avec les ministères des Finances et du Budget.

Thérèse Kayikwamba Wagner met également en avant une approche holistique de la gestion des affectations à l’étranger. Elle insiste sur l’importance de garantir les moyens nécessaires dès le début : « On ne peut pas envoyer quelqu’un en poste sans pour autant s’assurer que cet arrivé-là sera pris en charge. » Ce réalisme montre son engagement à résoudre les problèmes structurels, plutôt que de se limiter à des solutions temporaires.

Ainsi pensant, la ministre s’inscrit dans une logique de travail d’équipe, adoptant une approche transversale avec d’autres ministères. Sa vision pragmatique et inclusive est un signal fort en faveur de réformes durables pour un secteur diplomatique plus efficace et plus humain.

Vers une diplomatie moderne et numérisée : les réformes audacieuses de la RDC

Sous la direction de Thérèse Kayikwamba Wagner, le ministère des Affaires étrangères s’engage dans une transition résolument moderne et numérique. La ministre s’attaque aux défis structurels liés aux processus administratifs, notamment la délivrance des visas et des passeports, avec une vision axée sur l’efficacité et la transparence.

L’un des projets phares est l’introduction du e-visa, prévu pour début 2025. Cette innovation vise à simplifier le processus, réduire les pertes de recettes et améliorer la gestion des demandes. « Nous voulons passer de visas ordinaires à un système de e-visa […] pour capter tout et avoir une meilleure visibilité sur les recettes », explique-t-elle, en soulignant l’importance d’une collaboration avec la Direction générale des migrations (DGM) et d’autres ministères.

La ministre se montre tout aussi proactive sur la question des passeports. Elle annonce le lancement imminent d’un nouveau passeport biométrique conforme aux normes internationales. « Nous voulons rapidement lancer ce nouveau passeport […] pour réduire les retards et les interférences humaines », déclare-t-elle. Un partenariat avec DERMALOG a été établi pour garantir un processus transparent et renforcer les capacités locales, avec une imprimerie prévue en RDC.

Ces réformes témoignent d’une volonté de transformer le ministère en une institution moderne, capable de répondre aux besoins des citoyens tout en renforçant la souveraineté nationale.

Leadership et continuité : une vision pérenne pour la diplomatie congolaise

Thérèse Kayikwamba Wagner conçoit son rôle de ministre comme un maillon dans une chaîne de continuité institutionnelle. Loin d’une approche individualiste, elle met un point d’honneur à préparer le terrain pour ses successeurs, en consolidant les bases nécessaires à des réformes durables.

Avec une clarté désarmante, la ministre admet : « Nous n’allons pas résoudre tous ces problèmes du jour au lendemain. Mais nous allons avancer si nous posons les bases maintenant. » Cette perspective, qui lie passé, présent et avenir, traduit un leadership réfléchi et ancré dans la réalité.

Sa vision repose également sur un leadership collectif et inclusif, qu’elle décrit comme étant « axé sur la connaissance, l’expertise mais aussi l’humilité d’associer les uns et les autres pour travailler en symbiose. » Cette approche se reflète dans ses efforts pour décongestionner les ambassades en rapatriant les diplomates en surnombre, et dans son plaidoyer en faveur d’une planification budgétaire mieux alignée avec les besoins du terrain.

En se concentrant sur des solutions stratégiques et pérennes, Thérèse Kayikwamba Wagner s’efforce de bâtir une diplomatie congolaise plus solide, capable de s’adapter aux défis contemporains tout en anticipant ceux de demain.

 

Claudine N. I. et Franck T.

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