La vie politique de la République Démocratique du Congo est, depuis des années, traversée par des tensions et des ambiguïtés qui interrogent la crédibilité de ses institutions. Récemment, les propos associant le chef du Front Commun pour le Congo (FCC) à la rébellion du M23, sous le label AFC, ont relancé un débat brûlant : celui des liens opaques entre certains acteurs politiques et des groupes armés. À Kinshasa comme ailleurs, ces allégations circulent, alimentant méfiance et colère au sein d’une population épuisée par des décennies de conflits et de promesses non tenues.
Il est temps de rappeler une évidence : dans un État de droit, la légitimité politique ne se construit pas dans l’équivoque. Les citoyens ont le droit d’exiger des responsables qu’ils rendent des comptes, et surtout, qu’ils incarnent une cohérence entre leurs discours et leurs actes. Si des membres du FCC sont effectivement consultés pour des questions liées à la sécurité ou à la gouvernance, cette collaboration ne saurait être un écran de fumée. Les alliances tactiques ou les calculs politiciens ne doivent jamais primer sur l’intérêt général, encore moins lorsque des vies humaines et la stabilité du pays sont en jeu.
La confusion entretenue autour des affiliations réelles ou supposées de certains leaders politiques avec des mouvements armés mine la confiance dans les institutions. Elle nourrit aussi un climat de défiance qui fragilise toute perspective de réconciliation nationale. Comment croire en une paix durable si ceux qui sont censés la porter sont suspectés de double jeu ? Comment bâtir un avenir commun si les règles du jeu démocratique sont perpétuellement biaisées par des intérêts opaques ?
La réponse à ces questions exige courage et intégrité. D’abord, les autorités compétentes doivent mener des enquêtes indépendantes et transparentes sur ces allégations. Ensuite, il appartient à la classe politique dans son ensemble de rompre avec les pratiques qui entretiennent l’opacité. Enfin, la société civile et les médias ont un rôle crucial à jouer pour maintenir une vigilance citoyenne, en refusant toute complaisance face à des comportements qui sapent les fondements de l’État.
Agir avec sérieux, c’est aussi reconnaître que les mots ont un poids. Les discours incendiaires, les dénis à géométrie variable et les manipulations narratives ne font qu’envenimer les crises. Les Congolais méritent des dirigeants qui assument leurs responsabilités, sans calculs partisans, et qui placent la dignité humaine et la justice au cœur de leur action.
En cette période critique, le pays a besoin de leaders capables de transcender les clivages pour prioriser l’unité et la reconstruction. La légitimité ne se décrète pas : elle se gagne par la transparence, le respect des engagements et le refus catégorique de toute compromission avec la violence. C’est à cette aune que l’histoire jugera les acteurs d’aujourd’hui.
La RDC ne peut plus se permettre les ambiguïtés qui ont jalonné son passé. Exiger des comptes, c’est honorer la mémoire de toutes les victimes des conflits et construire les bases d’une démocratie véritable. Le temps n’est plus aux demi-mesures, mais à l’action ferme, guidée par l’éthique et le souci du bien commun.
James Zabloni
Coordinateur YEAPI( Youth East African Peace Initiative)
