RDC
Dans un communiqué officiel publié ce jeudi 22 août 2024, le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Constant Mutamba, a annoncé l’engagement de poursuites pénales contre le Lieutenant-général Jean-Claude Kifwa. Ce dernier est accusé d’avoir ordonné et supervisé des actes de torture et de traitements inhumains infligés à Maître Kabwende Mushibi Faby, un avocat dont l’humiliation a été filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux.
La vidéo incriminante, rapidement devenue virale, montre Maître Kabwende assis à l’arrière d’une camionnette Land Cruiser des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), immatriculée 109.05.24 et appartenant à la Base de Kamina (BAKA). Sous les ordres du général Kifwa, visible en arrière-plan sans béret, l’avocat est violemment extrait du véhicule par deux soldats armés, puis jeté au sol pour être fouetté.
Les images révèlent la brutalité des faits : allongé à terre, Maître Kabwende reçoit des coups de fouet sur les fesses, les mains et les pieds maîtrisés par deux militaires, tandis qu’un troisième le frappe sans relâche, obéissant aux ordres explicites du général, qui, en swahili, martèle : « Mupige fimbu, mupige fimbu weye » (« Fouette-le, fouette-le toi là »). Les supplications désespérées de l’avocat – « Ah mon général, ah mon général » – sont ignorées, et après cette flagellation, il est jeté dans la camionnette comme un simple objet.
L’agression atteint son paroxysme lorsque le général Kifwa, ivre de colère, arme son pistolet et s’avance vers l’avocat, encore à terre. Une femme, témoin de la scène, accourt pour le supplier d’arrêter, mais le général tire tout de même une balle en l’air avant de regagner l’enclos, sans remords.
Si les raisons exactes de cet acte barbare restent obscures, il est fortement supposé que le général cherchait à impressionner une femme nommée Marlène, présente lors des faits et observant froidement le supplice de l’avocat. Toutefois, Kifwa semble avoir sous-estimé l’impact des nouvelles technologies, qui ont rapidement exposé ces actes au monde entier.
Désormais, le général Jean-Claude Kifwa devra répondre de ses actes devant la justice militaire. Selon un magistrat contacté par Scoop RDC, en plus des accusations de torture, le général pourrait également être poursuivi pour dissipation de munitions en temps de guerre, une infraction sévèrement punie par la loi. « La balle tirée inutilement aurait pu servir à défendre notre pays contre l’agression de la coalition RDF/M23/AFC dans l’Est », a commenté le magistrat, précisant que cette infraction pourrait valoir au général une peine de 10 ans de prison.
De plus, il est à craindre que le général Kifwa ne trouve aucun avocat pour assurer sa défense, étant donné que sa victime est elle-même un avocat. Comme le dit un proverbe : « On prend pour témoin un sanglier lorsque l’on a un différend avec le cochon. »
Il est également à rappeler que Jean-Claude Kifwa n’en est pas à son premier dérapage. À Kisangani, sous le régime de Kabila, il avait déjà fait fouetter un magistrat, humiliant ce dernier devant sa famille, sans subir de conséquences. Mais les temps ont changé : sous la présidence de Félix Tshisekedi, qui prône un État de droit, l’impunité pourrait bien ne plus être de mise. Le général Kifwa parviendra-t-il cette fois-ci à échapper à la justice ? Rien n’est moins sûr.
Scoop RDC