
François Grignon, haut responsable français de la MONUSCO (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo), est au centre d’une vive controverse à la suite de propos jugés outrageants à l’égard de la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner.
Ces déclarations mettent en lumière les tensions latentes entre la MONUSCO et le gouvernement de la RDC, tout en soulevant des questions cruciales sur le rôle des Nations Unies et des puissances étrangères dans la gestion des affaires intérieures congolaises.
Dans un e-mail parvenu à la ministre, François Grignon déclare : « Je recommanderais que nous gardions nos distances avec elle (Thérèse Kayikwamba). Elle n’est pas une amie de la MONUSCO. » Ces propos, adressés à quelques responsables de la Mission onusienne en interne, ont été perçus par Kinshasa comme une attaque directe contre la ministre, notamment dans le contexte de ses efforts pour revoir une partie du mandat de la MONUSCO. En réaction, les autorités congolaises ont réclamé son départ, affirmant que Grignon était désormais persona non grata en RDC.
Il faut dire que ces propos ne sont pas qu’une maladresse diplomatique de trop, révélant cette attitude condescendante et irrespectueuse de la MONUSCO envers la souveraineté congolaise. La campagne de la ministre pour une redéfinition du mandat de la MONUSCO traduit un effort légitime pour ajuster les missions onusiennes aux réalités du terrain, après près de 25 ans de présence au Congo sans résultats significatifs. Cependant, au lieu de considérer cette initiative comme une opportunité d’améliorer la collaboration, François Grignon a choisi de dénigrer publiquement une responsable congolaise.
En 2008, alors directeur du programme Afrique de Crisis Group, Grignon affirmait que « le gouvernement de Kinshasa a montré ses faiblesses, son incapacité à remplir ses engagements et qu’il n’était pas nécessairement un partenaire crédible ». De tels propos, régulièrement teintés d’arrogance, renforcent l’idée que Grignon préfère juger le Congo depuis son bureau, loin des zones de conflit et des réalités qu’il prétend comprendre.
Le droit légitime de la RDC
Il est primordial de rappeler que tout gouvernement hôte dispose du droit souverain de s’opposer ou de rejeter la nomination de hauts fonctionnaires de l’ONU sur son territoire. Ce précédent a été établi dans plusieurs pays. Par exemple, en 2015, le Soudan avait refusé la nomination d’un représentant spécial de l’ONU, affirmant que cette décision relevait de sa souveraineté nationale. La RDC est donc dans son droit en exigeant que François Grignon, dont les propos compromettent la collaboration nécessaire entre les parties, quitte son poste.
La bourde de Grignon met également en évidence l’attitude ambiguë de la France envers la RDC. Bien que présentée comme un partenaire, la France n’a jamais été une alliée privilégiée pour Kinshasa. Les interventions de Grignon reflètent en filigrane cette ambivalence, confirmant que la RDC doit rester prudente dans ses relations avec Paris.
CNI