0 6 minutes 3 semaines

Dans la partie Est de la RDC, les pièces se déplacent au gré d’une stratégie où chaque coup semble anticipé par l’adversaire. La récente offensive de la RDF, qui s’est soldée par la prise des localités stratégiques de Bweremana, Lumbishi, Numbi et Minova, a révélé une série de maladresses du camp des FARDC, mettant en lumière une partie où le roi congolais se trouve dangereusement acculé.

Dès le début de cette année 2025, la RDF sous couvert des terroristes du M23 a avancé ses pions avec une précision chirurgicale, profitant des failles sur l’échiquier. Bweremana, point clé au Nord-Kivu, a été le premier sacrifice imposé par l’armée rwandaise. Cette capture a ouvert une brèche vers le Sud-Kivu, permettant à la RDF d’établir un double contrôle, à la fois sur les zones minières et sur les axes stratégiques menant à Bukavu. Les FARDC, pourtant munies des ressources nécessaires, n’ont pas réussi à protéger ces positions, donnant ainsi l’impression de jouer sans réelle coordination.

Sur cet échiquier, et co/e depuis toujours, les infiltrations ennemies n’ont été qu’un brillant stratagème, un classique gambit accepté par la RDF. Déguisée en population (ce qui est un crime de guerre) fuyant les bombardements, l’armée rwandaise a avancé ses pions jusqu’au cœur des localités densément peuplées. Dans ce décor trouble, le commandant des FARDC, craignant les accusations des ONG de droits de l’homme, a refusé de riposter, laissant l’ennemi franchir les lignes. Cette hésitation, bien que moralement justifiable, s’est avérée être une erreur fatale, exposant le roi congolais à un échec tactique de grande envergure.

Le coup le plus déstabilisant pour les FARDC a sans doute été le rappel à Kinshasa du général commandant de l’axe Bukavu-Minova. Ce cavalier, qui avait contenu les assauts de la RDF pendant deux ans, a été écarté du jeu à un moment crucial, laissant l’échiquier à découvert. Cinq jours seulement après son départ, les cases stratégiques de Lumbishi, Numbi et Minova sont tombées entre les mains de l’adversaire, dévoilant un jeu sans défense.

Chaque chute des localités au profit de la RDF a résonné comme un coup d’échec contre les FARDC et par ricochet de toute la nation. Oui, la perte de Lumbishi, notamment, a offert à l’ennemi un aérodrome et des lignes de ravitaillement cruciales. Minova, quant à elle, s’est révélée être une pièce maîtresse, contrôlant le lac Kivu et menaçant d’asphyxier la ville de Goma. En un seul mouvement bien orchestré, la RDF a placé ses tours sur des positions dominantes, rendant toute contre-offensive des FARDC plus complexe et sûrement coûteuse.

Mais ce jeu d’échecs va au-delà des pièces visibles. Les cases noires et blanches de cet échiquier cachent des enjeux économiques colossaux. La chute des territoires riches en colombo-tantalite (coltan) assure à la RDF un financement durable pour ses opérations. Chaque site minier contrôlé est un point stratégique gagné, un cavalier avancé qui renforce la position dominante de l’adversaire.

Pendant ce temps, les pions congolais – les populations civiles – continuent d’être sacrifiés dans cette partie. Déplacés, bombardés, et souvent abandonnés, ces pions n’ont que peu de chances de survie sur cet échiquier où les intérêts stratégiques surpassent les préoccupations humaines. Malgré plus de 5,5 millions de déplacés, la souffrance des civils reste reléguée à l’arrière-plan, invisible pour les médias internationaux qui regardent la partie sans intervenir.

À chaque tour joué par la RDF, les FARDC semblent réagir trop tard ou de manière incohérente. Les infiltrations, les trahisons internes et les erreurs tactiques ont laissé le roi congolais en grande difficulté, alors que l’adversaire progresse méthodiquement, visant une domination totale.

Le silence des médias internationaux face à cette partie acharnée est une énigme. Les coups portés à la souveraineté de la RDC par la RDF ne sont pas nouveaux, mais leur impunité continue de surprendre. On se souviendra des obus largués sur Bweremana en 2023, alors qu’une délégation militaire internationale inspectait la ligne de front, n’ont suscité qu’un faible écho.

Sur cet échiquier complexe, où chaque mouvement est décisif, le roi congolais doit trouver un moyen d’inverser la tendance. Mais à mesure que les pièces tombent, la question demeure : existe-t-il encore un coup gagnant pour les FARDC dans cette partie où le Rwanda semble anticiper chaque stratégie ?

Seul un sursaut d’orgueil pourrait remettre la pendule à l’heure et faire battre le cœur des congolais déçus par cette perte. Bendele ekueya te. Ce n’est qu’une bataille perdue mais pas la guerre.

 

FNK

0Shares