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La République Démocratique du Congo se trouve à un carrefour stratégique, confrontée à un choix qui pourrait redéfinir son avenir économique : soutenir le corridor de Lobito, qui bénéficie principalement à l’Angola, ou investir dans un réseau national avec le port en eau profonde de Banana comme point d’ancrage.

Ce dilemme soulève des questions cruciales sur les ambitions économiques du pays et son autonomie dans le contrôle de ses infrastructures. Le corridor de Lobito a été conçu pour faciliter l’exportation des ressources naturelles congolaises via le port angolais de Lobito. Bien que cela puisse sembler bénéfique à court terme, ce choix confère un pouvoir économique et stratégique considérable à l’Angola.

En s’appuyant sur ce corridor, la RDC risque de devenir dépendante d’un voisin dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec les siens. Les frais de transit, les taxes et le contrôle des infrastructures par l’Angola pourraient également réduire les bénéfices nets pour la RDC. En revanche, la construction d’un réseau national qui mène au port en eau profonde de Banana pourrait offrir à la RDC une autonomie significative.

Ce projet permettrait non seulement de réduire les coûts de transport, mais aussi de renforcer la capacité d’exportation du pays tout en gardant le contrôle sur ses ressources. Avec un port en eau profonde, la RDC pourrait attirer davantage d’investissements étrangers, développer son commerce maritime et améliorer son image sur la scène internationale.

Le choix entre Lobito et Banana ne doit pas être simplement une question de coût immédiat, mais plutôt une réflexion sur la vision à long terme de la RDC. En optant pour Lobito, le pays semble privilégier un gain à court terme au détriment d’une stratégie de développement durable. À l’inverse, investir dans le port de Banana représenterait une ambition audacieuse, une volonté de s’affirmer sur la scène régionale et internationale.

Au regard des enjeux économiques et stratégiques, la RDC doit faire preuve de grande ambition. Le soutien au corridor de Lobito, bien qu’apparemment avantageux, pourrait se transformer en un piège d’endettement et de dépendance. À l’inverse, le développement d’un réseau national avec le port de Banana comme pivot pourrait ouvrir la voie à une véritable indépendance économique.

La RDC a les ressources et le potentiel pour devenir un acteur majeur en Afrique ; il est temps qu’elle prenne des décisions qui reflètent cette réalité, en évitant de subir des projets dont le contrôle lui échappe en grande partie. Mieux vaut être maître de son propre destin que l’esclave d’un autre pays, voisin mitoyen soit-il. C’est d’ailleurs le sens premier de la souveraineté, de l’autonomie et de l’indépendance.

 

TEDDY MFITU

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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