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Ce lundi 2 septembre 2024, le ciel de Goma semblait pleurer lui aussi. Sous une voûte grisâtre et menaçante, les larmes de la nature se sont mêlées à celles des familles et des officiels venus honorer la mémoire de 200 déplacés de guerre, victimes de la violence aveugle qui continue de déchirer la République démocratique du Congo. Cette journée de recueillement, marquée par une douleur palpable, s’est déroulée au pied du majestueux, mais menaçant volcan Nyiragongo, dans l’ombre de son flanc sud, à quelques kilomètres seulement de la frontière rwandaise.

Le stade de l’Unité, habituellement animé par des cris de joie et de victoire, s’est transformé en sanctuaire de deuil. Sur des bâches blanches, symboliquement, étaient alignés les cercueils immaculés des 200 martyrs, déplacés par la guerre, fauchés en différents lieux mais réunis dans la même tragédie. Chaque cercueil portait une histoire interrompue, un rêve brisé, une famille dévastée.

Après des hommages poignants, un long cortège s’est formé. Les officiels du gouvernement central, dont la ministre des Affaires humanitaires, Aziza Muana, les membres du gouvernement provincial, des officiers des FARDC, des policiers et les proches des victimes ont pris la route, en silence, vers le Genocost à Kibati. Ce lieu, désormais sacré, où reposeront à jamais les âmes de ceux qui ont été arrachés à la vie par une guerre imposée, est niché à l’ombre du Nyiragongo, de l’autre côté de la RN2. Une route autrefois empruntée par des camions, qui serpente dangereusement à travers un paysage dévasté, rappelant à chaque tournant la fragilité de l’existence.

Dans une atmosphère lourde de chagrin, la ministre congolaise des Affaires humanitaires a pris la parole, les mots peinant à franchir ses lèvres : « Les corps que nous venons d’enterrer ici sont nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos familles, nos compatriotes. Ils sont morts parce qu’ils étaient des déplacés de guerre, à cause de cette guerre qui nous est imposée. Ils ont péri dans des sites différents, mais partagent tous le même destin tragique. Ce sont des victimes de l’agression, des victimes de la guerre. Cela pourrait être nous demain. »

Alors que les dernières prières s’élevaient vers le ciel sombre, un silence pesant s’est installé. Seul le bruit du vent, soufflant depuis le sommet du volcan, semblait accompagner les âmes des disparus dans leur dernier voyage. Ce lundi, Goma ne pleurait pas seulement ses morts, mais aussi l’innocence perdue, la paix volée, et l’espoir en des jours meilleurs, qui s’éloigne un peu plus à chaque nouveau conflit.

 

Franck Tatu

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