Le tribunal militaire de garnison Beni a rendu son verdict vendredi dernier à Beni : six ressortissants ougandais et huit Congolais, dont quatre femmes, ont été condamnés à la peine capitale. Ils étaient poursuivis pour association criminelle et vol qualifié, après une série d’attaques qui ont semé la terreur dans la région entre avril et août 2025.

Selon l’accusation, ce réseau opérait sur les axes commerciaux de Beni, ciblant boutiques, coopératives et points de transfert d’argent. Le coup le plus marquant remonte à la nuit du 8 au 9 août : le gang a dévalisé la coopérative Païdek, emportant plus de 100 000 dollars américains et 76 millions de francs congolais.

Le lendemain, une partie du groupe ougandais a été interceptée alors qu’elle tentait de regagner son pays, avec sur eux 54 350 dollars et 36 millions de francs congolais récupérés par les forces de sécurité.

En plus de la peine capitale pour association criminelle, le tribunal a infligé 10 ans de prison pour le volet “vol qualifié”. Deux mineurs cités dans ce dossier ont été acquittés. Dans une autre affaire jugée en parallèle, un prévenu arrêté avec une arme de guerre à Dindi a également écopé de la peine de mort, tandis que son présumé complice a été relâché faute de preuves.

Si la République démocratique du Congo n’a plus exécuté de condamnés depuis 2003, la peine de mort reste inscrite dans la loi. Les tribunaux militaires, en particulier dans l’Est, y recourent fréquemment pour sanctionner les crimes graves liés au banditisme, au terrorisme ou aux groupes armés. Kinshasa avait même annoncé en mars 2024 son intention de reprendre les exécutions afin de décourager l’insécurité qui continue de ronger le pays.

En Ouganda, pays d’origine des six condamnés, la peine de mort existe toujours mais n’a pas été appliquée depuis plus de vingt ans. La Cour suprême ougandaise a assoupli la loi en 2019, laissant aux juges la liberté d’y recourir ou non.

Cette affaire intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu à Beni, territoire marqué depuis des années par la violence des groupes armés, notamment les rebelles ougandais de l’ADF. En 2025 seulement, plus de 500 000 personnes ont déjà été déplacées par les affrontements, selon les organisations humanitaires.

Pour de nombreux habitants, ce procès illustre une fois de plus la porosité des frontières et la complicité entre criminels congolais et étrangers. Mais il met aussi en lumière la détermination des autorités judiciaires et militaires à donner un signal fort dans une région où l’insécurité semble devenue une routine.

Franck N. K.

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